mardi 22 avril 2014

20 avril 2014


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Tous ces jours de dépression,
À tourner en rond,
dans le gris, sordide, de nos sentiments,
ou bien du ciel trop étroit,
m'éblouit, la vie tardive,
ne vient à moi que par éclats,
par fragments parsemés,
la faiblesse intrinsèque
ressort virulente tout le long de la peau,
échine courbée, nerfs saturés,
il manque souffle ;
à vif, mon cœur s'emballe,
la pensée néoténique* saborde les maigres certitudes qu'il restait,
et nous errons dans un dédale empli d'inconnus,
anonymes aux lèvres cousues,
mugissant.e.s. La solitude pour seule alliée,
la solitude fait des ravages.
Que faire de ces fleuves de larmes ?
Les noyer.


* « Avant qu'une pensée ne soit accomplie, venue à maturité, elle accouche d'une nouvelle, et celle-ci à peine née, incomplètement formée, en met au monde une autre, une nichée d'autres qui semblablement se répondent en renvois inattendus et irrattrapables et que jusqu'à présent je n'ai pas réussi à rendre. » (Michaux, Connaissance par les gouffres)




vendredi 12 avril 2013

Nuit magique, l'autre spiritualité

Antoine, au creux des heures, tu es le présent et l'absent, en une même seconde, tu insuffles l'élan de vie et l'élan de mort, tu ranimes et apaises les angoisses en un seul mouvement.
Comment peux-tu être ce mélange d'eau et de feu si puissant, cet équilibre juste et simple ?
la vie. est. dingue. nous amène à la folie. tourbillon complexe d'intensités et de vide, de finesse et de maladresse, de vie et de mort, tourbillon de feu dont la violence contenue n'enlève rien à son incongruité.
tout s'enchevêtre.

mardi 12 février 2013

28.01.2013

Au point du jour à l'aube rose
quand tout frémit à peine,
Déracinées et hors d'elles-mêmes,
toujours les mêmes terreurs,
qui s'enlisent dans la nuit.
Tenace leur mélancolie
Evente aux dieux les plus noirs des songes,
Invincibles et tremblantes,
agonisantes le long des chemins.

Dans la nuit noire et rouge,
le craquèlement des palmiers bousculés par le vent,
rugit dans le silence de l'obscurité pisseuse.
Le vent tente de franchir les barricades
de ma détresse,
il s’époumone le long des voies ferrées
en un vain capharnaüm,
tonitruant malgré sa grâce.

Surgira-t-il de moi un feu plus ardent que ces maigres cendres grises,
que ce magma noir encore chaud
mais qui s'éteint au rythme des saisons ?
Balbutiante, harassée,
les rues grises ne savent plus fouler le monde avec une beauté autre que médiocre.
Morose mort aux roses,
le vent a ouvert les fenêtres,
bousculé l'aura du jour,
et tout resplendit d'une autre intensité.

mercredi 26 décembre 2012

Violence

Loup noir, loup de velours noir surplombant ma propre voûte, et d'une pesanteur de souffre vient s'affaler dans mon désir, telle une vague pour rompre d'autres vagues, briser les falaises, engloutir les forteresses, et, à l'heure du jusant, s'en retirer en laissant derrière soi une trainée de poudre noire et gluante, marasme de l'âme grouillant de mal-être, violence désertée, violence impérieuse, loup coupable d'adultères.
Je m'enfonce dans la Forêt aux astres délétères, égarements, mes pas s'égarent, course folle contre les loups, loups de désir gisant sur le flanc, la gueule assoiffée de sang, et l'arrogance de leurs regards transforme leur violence en une beauté infantile, en un désir brutal et primitif.

dimanche 7 octobre 2012

Amour neuf

Le regret de brume qui recouvre, qui enterre, cet amour inassouvi,
qui ne pourra jamais déployer sa fureur,
mais restera au stade premier de l'amour-né.
Linceuil d'or qui sera le caveau de notre amour,
les feux de l'amitié pour briller dans les yeux,
et rien de plus, surtout rien de plus.

Détourner son regard des frustrations à venir,
fuir les tentations venues fièrement du passé, sûres d'elles-mêmes et de leur envoûtement,
cesser de croire en une fièvre imperturbable au fil des jours.
Ne pas penser à ce que l'on perd,
simplement continuer à prendre ce que l'on aurait aimé prendre autrement.
Taire les désirs impétueux,
Faire croître la douce indifférence,
Et surtout, ne jamais s'égarer près des sentiers des baisers fous, donnés dans l'ombre et dans le remords programmé.

mercredi 3 octobre 2012

Déjà,

Déjà, le précipice de mes errances, une faille dans l'espace-temps que je ne contrôle pas, cette fraction de secondes où je perds pied, où tout s'effondre.
Déjà, les souvenirs constants, lumineux, m'hantent tel un manoir sombre et désert traversé de frissons, obscurcissent mon regard - la paupière qui tressaute, c'est la réminiscence d'une odeur ou d'une lumière particulière, c'est le souvenir lointain d'une parole prononcée il y a des millions d'années, et qui ne reviendra plus, c'est le souvenir cruel de sourires de gens qui sont partis et ne reviendront plus.
Dans le labyrinthe de mes souvenirs, mes pieds déchiquetés, je cherche la mer, cette poésie suprême qui sait rester constante par tous les temps, c'est cette recherche implacable et intransigeante de la beauté, de la vérité, de l'éternité, de l'intensité, qui me porte, me transporte dans ce monde déserté et éteint.
Dans la solitude de nos corps tu étreins une ombre, mon amour passé, dans l'obscurité déchirée par nos souffles tu brises mes digues, que vogue la galère, où donc cacher ma volupté ? Ouvrez les fenêtres, libérez les oiseaux, qu'il disait, et je soupirais d'aise, déjà.
Nous n'avons su réparer, préparer, les ravages du temps, amants perdus du désespoir, et sur la grève à perte de vue - c'était encore l'aube grise, tout n'était que brouillard glacé - sur les ruines d'un monde à peine construit, à l'orée de cette nouveauté folle : un jour nouveau, tu saisissais ma main dans un élan de joie, et nos pas sur le sable, déjà, n'étaient plus que le reflet d'une joie passée, éphémère, disparue à jamais.
le tragique de l'instant, la fatalité de la vie.

(06 novembre 2011 : ma vie d'avant)
 

lundi 10 septembre 2012

Artifices inconditionnels

Comment fait-on dans le noir quand les hirondelles meurent seules d'asphyxie sommaire ? Il faut alors, doucement, éteindre le feu en nous, étendre la vague salvatrice, étreindre sa destinée dans d'autres forêts, d'autres roseaux, d'autres espérances. et s'en aller s'en recueillir, au point du jour, dans les marais salants, dérober la flamme ultime, qui bouleversera les désarrois subliminaux, les âpres tournois issus des bas-fonds et qui lentement, prennent leur envol en ton être, subtil ou fragile, tu t'abandonnes au désordre, et les cris, les cris ne sont que des fragments d'un bouillonement intérieur trop vaste pour que l'on capitule, indicible ou ineffable, il n'y a de mots que pour les êtres faibles, ceux qui ne savent pas dire avec les yeux ou bien l'inflexion de la voix, ceux qui ne savent pas évoluer sans ce recours au monde figé, comment croître hors du rigide. Je suis de ces faibles. Les rois peuvent se fendre la gueule, enfreindre les règles - les reines savent tricher ostensiblement - et tuer toutes les hirondelles, on verra bien au lever du jour.